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L’avenir du rhum passera-t-il par une classification des rhums ?


L’univers du rhum est en pleine expansion, différentes enquêtes et études de marché le démontrent. Il n’y a qu’à regarder les rayons d’alcools dans les grands magasins pour constater l’augmentation du nombre de références de rhums. Face à ce constat, apparait un enjeu de taille pour les amateurs de rhum : comment s’y retrouver entre tous ces rhums de provenance et de traditions différentes. Même si le sujet a déjà été abordé pour les rhums des Caraïbes avec l’article sur ACR, cette nouvelle démarche naissante à l’initiative de Lucas Gargano est plus globale.

Dans le dernier numéro disponible de Fine Spirits magazine, Daniele Biondi argumente aux cotés de Luca Gargano sur la nécessité de structurer les catégories de rhums. Ils s’appuient sur la réussite du whisky avec la création d’une distinction entre les blends, les blended malt et les single malts pour poser les bases d’une classification des rhums et définir 3 paramètres influents sur le style et la qualité d’un rhum.

1 – La matière première où l’on distingue le jus de canne de la mélasse.

2 – La technique de distillation du rhum
Différents types d’alambics sont utilisés, et parfois avec plusieurs variantes. Cependant 2 principes s’opposent :

– la distillation discontinue avec l’alambic à repasse appelé aussi « pot still »

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– La distillation en continu avec les différentes variantes d’alambic à colonne dont les coffey still, les colonnes créoles, en acier en cuivre….

alambic à colonne

3 – La traçabilité du processus d’élaboration du rhum depuis le champ de canne jusqu’à la mise en bouteille.

Il s’agit ici de s’inspirer des classifications qui existent dans le champagne par exemple et de les transposer en distinguant le producteur de rhum qui cultive ses propres champs de canne, de celui qui importe un rhum blanc sorti de distillerie et qui ne réalise qu’un travail de vieillissement ou d’élevage. Parfois encore les marques de rhum sélectionnent des fûts chez un négociant et procède à l’embouteillage avec ou sans assemblage comme pour les cuvées de la Confrérie du Rhum. C’est souvent un choix stratégique qui n’affecte pas la qualité intrinsèque du rhum.

On le constate, il y a une grande disparité dans les rhums commercialisés et il n’est pas toujours très facile de connaitre avec certitude l’origine du rhum et son mode d’élaboration, peu d’informations figurent sur la bouteille de rhum.

Au travers de ce dernier paramètre, c’est de l’authenticité dont il est question, et pour nous autres Français, la notion d’authenticité et de terroir a du sens. Parce qu’un rhum distillé, vieilli et embouteillé en Martinique dont la canne est cultivée sur l’Ile de la Martinique est nécessairement représentatif d’un style identifiable gustativement.

La qualité d’un produit n’est cependant pas affectée par les différentes traditions de vieillissement qu’il s’agisse de méthode « classique »dite statique, « Solera » ou encore double vieillissement (Caraïbes + Europe) par exemple. Mais les étiquettes des rhums doivent être le reflet de son élaboration afin d’apporter la clarté nécessaire au choix de l’amateur sur l’authenticité de sa provenance.

Cette transparence est aujourd’hui la règle que réclament à juste titre les consommateurs dans le domaine de l’alimentaire, alors pourquoi les marques de rhum ne feraient pas un effort dans ce sens pour ce rhum que nous adorons et qui nous passionne !

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Sachez apprécier et consommer avec modération.